Journée hors temps scolaire x Lot-et-Garonne
Retour sur la journée consacrée aux projets hors temps scolaire en Lot-et-Garonne, qui s'est tenue le mardi 24 septembre au cinéma Les Montreurs d'Images à Agen.
Organisée par ALCA, en collaboration avec Les Montreurs d'Images, la Ligue de l'Enseignement 47, Écran 47, le BAT 47 et le festival COMETT, cette rencontre a réuni des professionnels de l'éducation aux images, du cinéma, de l'audiovisuel et des structures jeunesse. L'événement a permis de présenter des projets réalisés localement, d'échanger sur différentes initiatives et de partager des informations sur les dispositifs d'accompagnement existants. Ce fut une journée riche en échanges, rencontres et projections, offrant un éclairage sur la mise en place de projets d'éducation aux images pour les 12-25 ans.
Questionner l’éducation aux images par la recherche
Rencontre et échange avec Marie Ducellier, chercheuse post-doctorale / Alliance Sorbonne Université GEMASS, modérée par Myriam Zemour (médiatrice coordinatrice, Ecran 47)
Lors de cette rencontre-échange avec Marie Ducellier, plusieurs points ont été abordés concernant l'éducation aux images (EAI). Les principaux thèmes étaient :
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Histoire et limites de l'Éducation aux Images (EAI)
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Transformation numérique
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Recherche-action innovante
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Vers une EAI plus connectée et inclusive
Historiquement, l'éducation aux images (EAI) s'est concentrée sur le cinéma en tant que support artistique, visant à protéger contre les « mauvaises images » et à promouvoir une « cinéphilie savante ». Depuis 2015, l'éducation aux médias et à l'information (EMI) a élargi ce cadre pour inclure une critique des images non-artistiques et les intégrer progressivement à l’éducation aux images (EAI).
Traditionnellement dominée par le cinéma, l'EAI a été transformée par l'évolution numérique depuis les années 2000, modifiant les pratiques visuelles des jeunes et diversifiant l'accès ainsi que la production d'images. Ce nouvel écosystème remet en question l'approche classique du « film d'atelier » et son format linéaire.
Dans ce contexte, une recherche-action menée par Marie Ducellier a exploré de nouvelles méthodes pédagogiques, en mettant en avant le processus créatif à travers le triptyque « voir, faire, montrer ». Cette recherche a proposé d'intégrer les gestes amateurs, de revisiter les pratiques d'enregistrement et d'accepter le Work In Progress (WIP) pour valoriser les étapes de travail, les débats, et la lenteur du processus créatif. L'objectif est de mieux reconnaître les cultures audiovisuelles des jeunes et de favoriser une approche plus inclusive et collaborative dans l’éducation aux images.
Passeurs d’images x Les Réseaux Sauvages
Intervenants : Arnaud Boudon (vidéaste), Cécilia Correia (médiatrice culturelle, Les Réseaux Sauvages), Barbara Valbonesi (Mission Locale, Agen), Kylian (participant à un projet)
Cette rencontre a mis en évidence l'impact positif des projets d’éducation aux images sur les jeunes, suscitant parfois des vocations, comme la création de chaînes YouTube ou l'inscription dans des écoles de cinéma. L'approche des intervenants, à la fois rassurante et ouverte, permet aux participants d'expérimenter différentes facettes d’un processus de création. Les projets présentés intègrent une grande ouverture et diversité d’outils artistiques et culturels, en s'adaptant aux intérêts des jeunes, ce qui mène souvent à des résultats imprévus et enrichissants.
La démarche des projets menés avec Arnaud Boudon et Cécilia Correia valorise la co-création et l'expression personnelle, en encourageant l'expérimentation et l'apprentissage mutuel entre jeunes et les professionnels encadrants. Ces derniers se disent souvent surpris par la créativité et les compétences techniques des participants, souvent sous-estimés, et voient en eux une source d'inspiration. Les participants, lorsqu'ils se sentent libres et en sécurité, démontrent une grande capacité d'innovation. Par exemple à la mission locale, l'implication dans ces projets est volontaire, soulignant l'intérêt et l'engagement personnel des jeunes participants dans leur parcours de découverte artistique.
COMETT, une plateforme d’éducation au cinéma
Intervenants : Hervé Bonnet (directeur, BAT47), Louise Pagès (coordinatrice de la plateforme)
La plateforme COMETT propose une sélection de courts-métrages tournés en Région choisis pour leur qualités cinématographiques par un comité de sélection composé d’enseignants et de professionnels du cinéma et de l’éducation aux images.
Chaque film est géolocalisé et accompagné d’un contenu pédagogique dédié (analyses de films, interviews de réalisateurs…), ainsi que d’une sélection de documents de travail qui ont été utilisés avant, pendant et après le tournage du film.
Un ensemble de filtres permet de rechercher les films par territoire de tournage, par réalisateur·ice, par thématique, etc.
Les ateliers
En première partie de l’après-midi, chaque participant a assisté à deux ateliers. Le premier était un atelier pratique sur la technique de l’interview, animé par Arnaud Boudon (vidéaste), et le second était un atelier d’échange autour de l’organisation, du montage et de la participation à un projet d’éducation aux images, animé par Vincent Berge (médiateur, Ligue de l’enseignement 47) et Cécilia Correia (médiatrice culturelle, Les Réseaux Sauvages).
Le hors temps scolaire en détention
Intervenants : Vincent Berge (médiateur, La Ligue de l'Enseignement 47), Pierre Dupont (directeur, cinéma Les Montreurs d'Images), Dominique Dedieu (SPIP), Philippe Quaillet (intervenant éducation aux images)
Cet échange portait sur un projet d’éducation aux images mené en milieu carcéral dans les maisons d'arrêt d'Agen et de Villeneuve-sur-Lot. Les activités proposées n'étaient pas obligatoires, laissant aux personnes détenues la liberté de participer de manière volontaire. Le programme incluait des projections et des discussions autour de films, avec une attention particulière sur l'actualité culturelle locale, comme par exemple inviter des artistes présents lors de festivals régionaux.
Les intervenants sur ces projets ont adapté leurs actions pour offrir des contenus de qualité, malgré les contraintes logistiques et les ressources humaines limitées en détention. Chaque séance de projection incluait des discussions sur les techniques cinématographiques, permettant aux participants d'explorer les aspects créatifs des œuvres projetées. Les réactions des personnes détenues étaient parfois surprenantes, révélant des préférences inattendues pour certains films.
Les interactions entre les personnes détenues et les intervenants mettaient en lumière l'importance du respect et de la reconnaissance mutuelle. Les ateliers ont permis aux participants d'exprimer leurs émotions, leurs opinions et leur sensibilité. L'objectif de ces ateliers était de créer un espace de dialogue, d’échanges et de partage autour de la culture et du cinéma.