Retour sur la table-ronde organisée par Imagi’NA avec le Poitiers Film Festival

En partenariat avec le Poitiers Film Festival, le Pôle régional d’éducation aux images Imagi’NA a organisé, le 5 décembre 2024, une table ronde professionnelle autour des enjeux de l’éducation aux images en temps scolaire. Nous vous proposons un résumé des échanges foisonnants et passionnants qui ont eu lieu autour de la question posée aux participants : « Dans quelle mesure, les expériences d'éducation aux images dans le cadre scolaire influencent-elles la formation et l'orientation professionnelle des jeunes ? »
FOCUS SUR L'ENSEIGNEMENT CINÉMA-AUDIOVISUEL ET LES PARCOURS EN FESTIVALS
Avec la participation de :
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Nathalie CLAISSE, conseillère cinéma DRAC Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne
- Emmanuel DEVILLERS, conseiller académique cinéma-audiovisuel, Délégation académique à l'action culturelle- DAAC, Rectorat de Poitiers
- David GASPAROUX, enseignant responsable de l'enseignement cinéma-audiovisuel au lycée d'Arsonval de Brive-la-Gaillarde
- Anne-Charlotte GIRAULT, responsable de l’action culturelle au FEMA, Festival La Rochelle Cinéma.
- Jade HAJDAMAKA passée par différentes expériences d’éducation aux images.
- Sallah LADDI, de l'association Coolisses, intervenant option cinéma-audiovisuel (CAV) Rochefort.
- Candice MOTET-DEBERT, médiatrice cinéma Le Dietrich à Poitiers en charge des ambassadeur·rice·s.
- Animation et modération : Jérémie POTTIER-GROSMAN, directeur cinéma, TAP Poitiers
Jérémie Pottier-Grosman introduit la table ronde en relatant son parcours : “Il se trouve que, ayant grandi dans la campagne charentaise, il n’y avait pas de cinéma d’art et d’essai à proximité. Il y avait le passage du CRPC, un cinéma itinérant, donc je pouvais voir des films de temps en temps. Mais je ne serais pas là sans Collège au cinéma (...) qui m’a énormément nourri. C’est par là que j’ai intégré l’option cinéma audiovisuel du LISA à Angoulême, qui a été le point de départ d’une carrière dans différentes branches cinématographiques. Evidemment, quand on est en option cinéma audiovisuel, on n’imagine pas la foultitude de métiers qui peuvent exister. Comme tout le monde, j’ai commencé en voulant devenir Spielberg (rires)"
Jérémie souligne ensuite, qu’en tant qu’exploitant et programmateur de salle, il est fondamental de “préparer les spectateurs de demain". Dans ce cadre-là, l’éducation aux images joue pleinement son rôle.
TOUR D'HORIZON DE DISPOSITIFS D'ÉDUCATION AUX IMAGES EXISTANTS EN NOUVELLE-AQUITAINE
Emmanuel DEVILLERS "Je suis enseignant, d’abord, au Lycée Nelson Mandela à Poitiers, et coordinateur, conseiller cinéma pour l’académie de Poitiers, depuis une vingtaine d’années. La région se caractérise par un tissu de cinémas très important, et un tissu de cinémas ruraux, qui permettent à 80 000 élèves, sur les 280 000 de l’académie, de participer à Ma Classe au Cinéma. À cela, on ajoute tous les élèves qui participent aux différents festivals. Avec Julien Proust - Responsable Jeune Public au Poitiers Film Festival - on prépare ensemble toute l’activité en direction des écoles, des collèges, des lycées... pendant le Poitiers Film Festival.»
Emmanuel Devillers poursuit par un état des lieux des enseignements de spécialité cinéma audiovisuel (CAV), au nombre de 3 dans l'académie de Poitiers à Rochefort, à Loudun et au LISA (Angoulême). Il existe également des options à Bressuire et à Melle, et depuis peu, à Cognac. « C’est extrêmement riche et intéressant. C’est un très gros investissement d’enseigner en cinéma, ça ne s’arrête pas quand le cours est fini. Il y a une disponibilité permanente des enseignants mais c’est pour un petit nombre d’élèves ». Il conclue en soulignant l'aide considérable apportée par la DRAC à l'enseignement CAV au lycée et émet un souhait : faire commencer cet enseignement cinéma audiovisuel dès le collège dans l'académie de Poitiers.
Jérémie passe ensuite la parole à Anne-Charlotte Girault afin de faire le point sur les parcours en festivals, et plus spécifiquement, sur les propositions du FEMA en direction des lycéens.
Anne-Charlotte GIRAULT : « Depuis 1996, on essaie de mobiliser tous les lycéens des options, dont parlait Emmanuel, avec également la classe prépa de Balzac. On accueille à peu près une soixantaine de lycéens chaque année, avec un programme qui leur permet, sur 3 jours, d’être vraiment accompagnés. La programmation du festival est en effet éclectique et foisonnante, pas forcément facile à décrypter. Le festival les aiguille donc vers un vrai parcours cinéma fait de découvertes des œuvres et de rencontres avec des cinéastes et des professionnels. Parallèlement à cela, le festival propose des ateliers de pratique artistique, que l'on vient adosser à ce parcours. De manière à ce que les élèves, qui ont la chance de pouvoir circuler dans ce festival, aient aussi un temps de pratique artistique pour comprendre toutes les étapes de création d’un film. C’est une manière d’aiguiser leur regard et leur compréhension des œuvres. Le festival est très attaché à cette pratique artistique qu'il propose tout au long de l'année. Mais ces parcours qui viennent en parallèle de l'accueil en festival, sont de plus en plus difficiles à maintenir car très coûteux.»
Jérémie Pottier-Grosman : « Est-ce que le CNC a été assez incitatif pour amener à poursuivre des actions en dehors du temps du festival ? Est-ce que ces parcours-là peuvent faire partie de cette politique d’installation d’un festival dans un territoire à l’année ? «
Anne-Charlotte GIRAULT : « Oui, il y a des incitations à venir étoffer ou faire prendre de l’ampleur à des dispositifs déjà existants. Pour cela, on va en profiter pour se rapprocher de nos collègues amis de festivals, et faire circuler nos façons de créer des dispositifs et d' embarquer des jeunes sur ces projets. »
Nathalie CLAISSE de la DRAC précise que le CNC a effectivement débloqué des moyens supplémentaires pour la mise en place d’actions à l’année dans les festivals, et de préférence en territoire rural.
Jérémie se tourne alors vers David Gasparoux, pour l’enseignement CAV à Brive : « Pour faire le lien avec Anne-Charlotte, est-ce que tu as des rapports avec des festivals ? Est-ce qu’on pourra parler aussi de l’accueil que tu fais d’intervenants professionnels ? »
David GASPAROUX : «Au lycée d'Arsonval, on accueille les élèves en CAV de la seconde à la terminale, avec près de 200 élèves en spécialité et en facultatif, sur un effectif global de 1200 élèves. C’est un parcours théorique et un pratique : les élèves sont amenés à rencontrer des professionnels, grâce nos partenaires, en particulier, le pôle d’éducation aux images (Les Yeux Verts), et le cinéma Rex, qui est à 5 minutes du lycée. Pour chaque niveau, à l’année, on consacre des temps de rencontres ciblées avec des professionnels qui viennent voir les élèves dans les classes et qui les accompagnent dans le cadre de travaux pratiques et pour les projets de films des terminales. Les festivals prennent également une grande part dans cet enseignement. Chaque niveau se rend dans un festival : pour les secondes, c’est à Clermont-Ferrand, pour les premières à Brive et pour les terminales ici à Poitiers. On fait d’autres sorties, par exemple dans les cinémathèques, celle de Nouvelle-Aquitaine ou celle de Toulouse. »
David Gasparoux souligne que ces rencontres et ces immersions en festivals permettent aux élèves d'affiner leur regard sur le milieu professionnel du cinéma : « Jusqu’à la première, les élèves ont une vision du cinéma qui est le tapis rouge, les Oscars, les César... donc on démythifie tout ça et on voit naître des vocations. Les festivals sont des moments où les yeux s’ouvrent. Par les rencontres et parce qu’ils voient à ce moment-là des films qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, des propositions esthétiques qu’ils n’imaginaient même pas (…) Cela reste un enseignement général mais on a à peu près un tiers des élèves qui poursuivent après le bac une formation dans le cinéma ».
Jérémie Pottier-Grosman se tourne vers Sallah Laddi, intervenant CAV au lycée Merleau Ponti à Rochefort, pour l’association Coolisses : « Quels sont les apports professionnalisants d’un intervenant extérieur ? «
Sallah LADDI : « On intervient effectivement en tant que professionnels en terminale. Il y a un ingénieur du son, un technicien/chef électro, un éclairagiste. En ce qui me concerne, je leur apporte une vision sur la mise en scène, sur l’écriture, penser le film. Mes collègues enseignent l’utilité de comprendre le son et la lumière. Donc grosso-modo, avec cette triangulaire, normalement ils comprennent.» Sallah présente ensuite l'association Coolisses installée à La Rochelle depuis 1993. À l'origine, l'association s'adressait uniquement aux professionnels. Depuis 2017, les actions sont tournées vers la transmission avec des stages, des formations... « Nous avons décidé de nous orienter vers la transmission parce que beaucoup de parents venaient nous voir et nous disaient : Mon fils/ma fille veut faire du cinéma . Mais c’est quoi le cinéma ? Au sein de Coolisses, nous avons créé des formations dédiées : par exemple, Faire un film en 35 heures . Ce concept fonctionne bien (...) Très vite, les gamins enlèvent leur carapace et on est dans un acte de création. Et ils découvrent toutes les strates, de la préparation du scénario vers un plateau de tournage. Ça va très vite mais c'est cela qui est intéressant ».
Sallah et l'association Coolisses ont d'abord initié ce concept en collège, puis les lycées à Rochefort et à Niort, les ont sollicités. Ils interviennent aussi au lycée des métiers La Morlette, de Cenon avec ces des primo-arrivants, un public de jeunes migrants qui, grâce à la création audiovisuelle, peuvent raconter leur vie, leur histoire. « C’est un vrai plaisir de transmettre... Pour moi, l’idée est de préparer demain »
Candice MOTET-DEBERT, médiatrice au cinéma Le Dietrich, résume ainsi sur son parcours : « Pendant toute ma scolarité j’ai eu beaucoup de chance. Je faisais partie à chaque fois de la classe de l’école, du collège et du lycée qui participait à Ma Classe au Cinéma. C'étaient des moments très marquants : Nanouk l’Esquimau, Edward aux mains d’argent, Le Voyage de Chihiro, premier traumatisme (rires). Je n’ai pas suivi l'option CAV mais dès 15 ans, j’ai rejoint l’équipe du FEMA, comme bénévole du festival. Et après le bac, je me suis je me suis dirigée vers la ville de Poitiers pour faire du cinéma ». Candice poursuit avec ses missions au cinéma Le Dietrich : « On accueille de la maternelle au lycée pour Ma Classe au Cinéma, et le dispositif Etudiants au cinéma depuis 4 ans. Ce dispositif a été expérimenté au Dietrich et au Jean Eustache de Pessac. Ça a démarré très vite au Dietrich. On accueille 20 jeunes par an (c’est limité à 20 pour qu’on puisse bien travailler), qui sont des étudiants de fac ou d'écoles de Poitiers, peu importe leur filière. Le groupe a la possibilité de rester pendant 1 à 2 ans pour animer un ciné-club avec nous. On leur montre des films en avant-première, et ils vont faire de la médiation en salle sur un film autour d'un thème. La semaine prochaine par exemple, c’est la soirée « cheese lovers », on va manger du fromage, autour du film Vingt Dieux de Louise Courvoisier ! À un autre moment, ils peuvent faire intervenir leur prof de philo sur La Zone d’intérêt , ils ont un spectre très large (…) L'université de Poitiers nous suit depuis des années, et nous avons signé une convention avec elle. » Candice souligne qu'elle reçoit beaucoup plus de candidatures qu'elle n'a de places (75 cette année pour 12 places disponibles). L'objectif n'est pas de ne retenir que les étudiants déjà très cinéphiles, au contraire ! Une candidature motivée par la curiosité peut être préférée à celle d'un étudiant en 3ème année de cinéma : « Nous avons un jeune qui est là depuis 3 ans maintenant, parce qu’il est passé en service civique. Quand il est arrivé, il était un grand fan de Marvel. Il l’est toujours mais il a clairement ouvert son horizon ! (…) Par ailleurs, nous sommes exigeants sur leur assiduité. Tout le monde met la main à la pâte, mais on ne force jamais personne à faire la présentation en salle, car il y a des personnalités très différentes parmi les étudiants. Par contre, si quelqu’un ne fait pas la présentation, cette personne est chargée de s’occuper du compte Instagram, ou de ramener toute sa promo à la séance ! »
Emmanuel DEVILLERS ajoute qu'il existe un système d'ambassadeurs similaire au lycée à Niort et que la médiation par les pairs fonctionne très bien.
LE PARCOURS DE JADE HAJDAMAKA : DES EXPÉRIENCES MULTIPLES EN TEMPS ET HORS TEMPS SCOLAIRE
Passée par les dispositifs Ma classe au cinéma, puis par l'option CAV à Brive et par des études de cinéma à Poitiers, Jade a également été membre des jurys jeunes de Brive et Sarlat, ambassadrice au Dietrich, bénévole au festival Filmer le travail et en service civique à La Coursive à La Rochelle où elle a lancé un ciné-club étudiant... Bref, elle a coché à peu près toutes les cases du parcours en temps et hors temps scolaire !
« J’ai commencé le CAV au lycée (..) Et c’est vraiment quand je suis arrivée en seconde que j’ai commencé à m’intéresser aux métiers du cinéma. Bon, je ne savais pas exactement quel métier. Ce qui m’a plu aussi, c’est qu’on a pu aller au Festival de Clermont-Ferrand, ça ouvre les yeux et on se rend compte que c’est possible : si on veut le faire, on en a le droit. » La participation au Jury Jeunes du festival du cinéma de Brive a été un déclic pour Jade : « À ce moment-là, j’ai vraiment découvert une passion, ça m’a permis d’évoluer dans mon esprit critique et de me dire que moi aussi j’étais légitime de donner un point de vue. » Jade a ensuite enchainé avec une expérience au festival de Sarlat : « À Sarlat, on m’a appris à aller un peu plus en profondeur tout en rencontrant les équipes, les professionnels du cinéma. Voilà comment ma passion pour le cinéma a commencé à grandir. Et je me dis : j’adore l’image, j’ai envie de faire du cadrage ! Ensuite arrive la fac. Je me suis laissée tenter par Poitiers car en première année, on fait à la fois du théâtre et du cinéma, et on fait de petits stages dans ces domaines. En deuxième année on se spécialise, et j’ai choisi le cinéma »
Pour compenser un manque de pratique, Jade se débrouille pour participer à des tournages et notamment sur le moyen métrage tourné à Poitiers par Jérôme Reybaud. Cette expérience lui a permis de commencer à créer des contacts avec des professionnels notamment avec le chef opérateur qui l'a ensuite rappelée sur d'autres tournages en tant qu'électro. Indécise quant à la suite après le master, Jade choisit l'option d'un service civique à la Coursive à La Rochelle ouoù elle encadre un ciné-club, ce qui a lui a permis de faire le lien avec son expérience d'ambassadrice au Dietrich. « Être Ambassadrice a été pour moi un grand pas dans le cinéma, parce que c’était la première fois que je mettais en place avec des camarades de la médiation autour de films. Puis, j'ai candidaté au dispositif Talents en Courts. Là, j’aimerais tenter la Cinéfabrique l’année prochaine en scénario. Je suis vraiment passée par plein de domaines : médiation, image, lumière... pourquoi pas le scénario ! »
Nathalie CLAISSE de la DRAC insiste sur les vertus de la médiation de pair à pair et précise que le ministère essaie toujours d'avoir une forme d'agilité par rapport à l’appétence des jeunes pour le cinéma et dans les salles. Le CNC a d'ailleurs lancé en 2024 le dispositif « Ambassadeurs jeunes du cinéma » porté en Nouvelle-Aquitaine par CINA et le FEMA. Anne-Charlotte GIRAULT précise que du côté du FEMA ce dispositif, en construction, s'articulera autour d'un parcours en festival qui passera également par Brive et par Poitiers.
LA PROFESSIONNALISATION DES ÉLÈVES DE CINÉMA AUDIOVISUEL APRÈS LE BAC
Emmanuel DEVILLERS partage l'action du festival cinéma, solidarité et tolérance de Loudun coordonné par Julien Proust avec le lycée Guy Chauvet, et qui a lieu chaque année en mars. Un des axes a été de mettre en valeur les anciens élèves de l'option, devenus professionnels du cinéma.
La question de la poursuite d'études post-bac dans le cinéma est également un enjeu important pour David GASPAROUX : « On accompagne le plus possible les élèves parce qu’ils se posent beaucoup de questions. Il y a un tiers des élèves, peut-être un peu plus, qui s'orientent vers le cinéma après le bac. D’autres qui ne prennent pas directement cette voie-là, mais qui ont l’intention de faire du cinéma ensuite et qui se réorientent. Les parcours sont multiples". Les BTS ont beaucoup de succès en particulier pour ceux qui veulent faire de l’image et du son. Les CPGE accueillent de plus en plus d'élèves venus des options CAV comme à Angoulême. En prépa LSH (Lettres Sciences Humaines), il y a plusieurs CPGE qui proposent des parcours cinéma, celle de Balzac à Angoulême par exemple. Dans les universités, les enseignements de cinéma restent principalement théoriques, ce qui peut être frustrant pour des élèves qui ont également envie de pratique. Même si cela évolue un peu dans les cursus professionnalisants. Les jeunes se questionnent beaucoup sur les écoles privées car les professionnels qu'ils sont amenés à rencontrer dans le parcours CAV sont rarement issus de ces établissements. La Cinéfabrique a également le vent en poupe auprès des élèves : mais les candidatures étant de plus en plus nombreuses, il devient de plus en plus difficile de réussir le concours.
Emmanuel DEVILLIERS et David GASPAROUX s'accordent ce constat : les formations cinéma post bac qui donnent un accès direct à une professionnalisation sont très sélectives et les formations les plus accessibles comme la fac restent très, voire trop, généralistes.
Sallah LADDI insiste sur l'importance de la transmission et de l'accompagnement des jeunes par « des vieux briscards du cinéma, c’est-à-dire un chef éclairagiste, un chef opérateur, décorateur qui prenaient un ou plusieurs apprentis, et il y avait ce transfert de savoirs (…) . Le compagnonnage est effectivement quelque chose d’intéressant. Il y a des films qui se font sur nos territoires, il y a des dispositifs étatiques qui accompagnent les financements de ces films, (…) il pourrait tout à fait exister des conventions, où on vous donne de l’argent et vous avez obligation d’intégrer au sein du tournage, de la production des apprenants. Voilà, c’est une idée.»
Emmanuel DEVILLIERS : « Il est vrai que pour travailler un jour dans le cinéma, soit tu arrives doté d’un diplôme d’une grande école, avec une légitimité, soit tu t’es constitué un réseau ».
David GASPAROUX revient sur la question des BTS en alternance, et de la difficulté croissante pour les élèves de trouver des structure pour les accueillir.
Nathalie CLAISSE de la DRAC : « J’entends bien qu’il y a un sujet sur l’insertion. Est-ce que, pour entrevoir une perspective concrète, vous pensez qu’il faudrait réfléchir à une convention qui pourrait lier des accueils de tournage à des établissements ? Est-ce qu’on pourrait mettre en place un cadre qui pourrait conditionner des aides à la production, à l’accueil de jeunes en insertion ? ».
Jérémie POTTIER-GROSMAN rebondit sur cette proposition en abordant la question des conventionnements de stages, y compris pour les jeunes qui ont quitté, peut-être momentanément, le domaine de la formation pour y revenir plus tard. Il est important de trouver des solutions au niveau régional pour la professionnalisation de ces jeunes.
Candice MOTET- DEBERT ajoute qu'il y a peut-être aussi dans ce domaine des ponts à créer avec l'université afin de proposer aux étudiants des stages de pratique avec des professionnels, en complément de l'enseignement théorique.
Le Pôle régional Imagi'NA émet l'idée d'un groupe de travail, à l'échelle de la région, afin d'identifier les établissements avec lesquels il serait le plus pertinent d’être partenaires afin d'agir concrètement sur l’insertion professionnelle.
Maëlle Charrier, coordinatrice lycéens et apprentis au cinéma pour l’académie de Poitiers (ALCA) indique que parmi les formations très demandeuses, il y a le master assistant réalisateur de Poitiers, qui l'interroge sur la possibilité d'accueil sur les tournages. Car même si les périodes des tournages sont communiquées sur le site de l'ALCA, rien ne vaut une mise en contact directe.
Jérémie Pottier-Grosman conclue les échanges en insistant sur le dernier « besoin » évoqué par les participants : l'importance d'une structuration de la filière afin de créer des traits d'union entre études et professionnalisation. Cela rejoint également des questions qui se posent globalement en Nouvelle-Aquitaine : comment garder des talents sur les territoires ? « On avait aujourd’hui nos 4 masterclass : son, script, distributrice et directrice de casting organisées pour les 350 étudiants de CAV reçus pendant cette édition et plus de 1000 autres lycéens de la région. Cela montre toute la diversité des métiers possibles, souvent méconnus (...) J’ai la conviction qu’on a absolument besoin de faire le lien entre les 3 grandes filières que sont la production, la distribution et l’exploitation. »
Les échanges ayant été riches, tous les sujets n'ont pu être abordés, notamment le travail fait au FEMA par Anne-Charlotte Girault avec les étudiants dans le domaine de la professionnalisation et de l'ouverture aux différents métiers du cinéma.
Jérôme Polidor des associations La Mare et Naais souligne qu'il est parfois difficile pour les professionnels du cinéma d'entrer en contact avec les enseignants afin de se positionner en tant que personnes ressources pour des rencontres avec les élèves ou des interventions en atelier.
Le pôle Imagi'NA affirme sa volonté de créer plus de liens avec les associations professionnelles comme Naais et les potentiels intervenants afin de les mettre en relation avec les enseignants, les porteurs de projets... D’autant que dans le cadre de ses missions, le Pôle est en lien avec tous les dispositifs, en temps et hors temps scolaire.
Nathalie CLAISSE précise que la DRAC est très attentive à ce que les intervenants en éducation aux images aient une pratique artistique.
Aurore Schneekönig, coordinatrice du Pôle Imagi'NA adresse ses remerciements aux participants, intervenants, et tout particulièrement à l'équipe du Poitiers Film Festival pour son accueil. Elle rappelle que la mission première des pôles est l'animation du réseau territorial : « Notre travail, c’est de faire du lien entre tous les acteurs de la filière, jusqu’à la diffusion, et jusqu’à l’éducation aux images. »